Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/361

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certains quartiers, car la presque unanimité de la garde nationale est acquise à l’ordre. Ce qui est très grave pour l’instant, c’est bien plutôt la haine qui semble animer l’Assemblée contre Paris. Cette haine prouve à la population, qui est très républicaine, que l’on veut restaurer une monarchie par un coup d’État quelconque, ou bien encore en soumettant la question au suffrage universel. Or, qui ne sait que le vote plébiscitaire n’est qu’un instrument à tout faire ! L’Empire l’a prouvé trois fois de suite. Il tombe sous le bon sens que les masses, ignorantes et incapables, et n’ayant jamais pensé de leur vie, n’ont d’autre opinion que celle qu’on leur suggère. Au fond, le suffrage universel direct est un leurre, et les meneurs de la province le savent fort bien[1]. En attendant, loin de calmer les esprits, la majorité de l’Assemblée semble prendre à tâche de les irriter en faisant pressentir une restauration monarchique plus ou moins immédiate. Du reste, je ne doute pas qu’elle atteigne son but, à moins que l’extrême gauche et la population de Paris n’usent de beaucoup de prudence et de calme en ne donnant aucun prétexte à un coup d’État ou à un plébiscite. Malheureusement, rien de moins probable. Il y a donc quinze chances sur vingt pour que la République meure avant d’avoir vécu. Quelle singulière nation que notre pauvre France !…

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« Je me suis demandé si on ne pouvait pas être ultra-révolutionnaire avec le courage de dire aux siens : Vous avez commis des crimes (ceux de la Révolution) et vous êtes dès lors sortis de la doctrine du vrai. » G. Sand à Sainte-Beuve.


Ces lettres sont très importantes à rétablir la

  1. Se rappeler ce qu’il a écrit de Dinan en 1848.