Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/374

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furieux que jamais. » Encore il n’étonnerait point que son robespierrisme même fût suspect. De vrai il est assez notoire, mais n’a rien d’excessif : s’il fait de Danton l’instigateur des massacres de septembre et donne des raisons de son exécution, il n’en reconnaît pas moins la grandeur de son rôle pacificateur ; son anti-girondinisme ne l’empêche point d’admirer Mme Roland ; et s’il se prononce catégoriquement pour les régicides, il infirme la nécessité de l’exécution. Il faut remarquer qu’il est loin de donner dans le communisme ; il note avec une certaine satisfaction que Robespierre « attaqua les anarchistes de la Commune » ; et enfin, de la façon la plus affirmative, il explique son robespierrisme par son patriotisme : « On ne peut nier que l’action de ce parti (démocratique et révolutionnaire), despotique et sanglante à l’intérieur, n’ait énergiquement contribué à la défense du territoire et à l’élan victorieux des armées de la République. »

L’introduction de cette brochure dans les écoles ne serait pas aujourd’hui moins précieuse : chaque jour davantage on perd le respect de la grande œuvre révolutionnaire, il est trop aisé aux jeunes de se méprendre sur le vrai sens de certains mots qu’usa un incessant emploi officiel et sur la valeur et la nature même du républicanisme : certains termes aussi, et les plus nobles, comme Républicanisme, civisme, civique, incivisme, citoyen, citoyenne, ont complètement disparu de la langue courante, ce qui est plus significatif qu’on ne le croit. Et surtout l’ardeur même des sentiments s’est éteinte ; on trouvera dans les brochures de Leconte de Lisle,