Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/399

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quence, produire son foudroyant effet de manifeste révolutionnaire[1].


Après les noires années du moyen-âge, années d’abominable barbarie, qui avaient amené l’anéantissement presque total des richesses intellectuelles héritées de l’antiquité, avilissant les esprits par la recrudescence des plus ineptes superstitions, par l’atrocité des mœurs et la tyrannie sanglante du fanatisme religieux…


Réveillés de l’ordinaire torpeur par la vibrante sonorité de tels vocables (« les dogmes arbitraires des religions révélées ». « Il faut remercier Hugo au nom de la Poésie d’avoir prêté cette charité terrible à cet insensé féroce (Torquemada) qui puisait la haine de l’humanité dans l’imbécillité d’une foi monstrueuse ») — les académiciens allaient bientôt entendre strider, par l’atmosphère recueillie de sacristie, la supériorité dédaigneuse de l’orateur affectant d’enfermer « le réveil des idées religieuses » du commencement du siècle en la forme d’une résurrection pittoresque du catholicisme. Victor Hugo, disait-il encore, s’avoue tributaire de quelque vague dieu plus ou moins panthéislique au lieu de « reconnaître qu’il ne doit sa magnifique conception du beau qu’à son propre génie ». La façon même dont il faisait valoir l’œuvre de Hugo[2] était

  1. Il avait prévenu ses jeunes amis républicains quelques jours auparavant des phrases qu’il avait préparées pour les réactionnaires. Le jour de la séance solennelle, il les débita d’un impérieux accent, en acoompagnant leur chute de son geste célèbre de laisser tomber son monocle par une crispation d’œil.
  2. Dans les causeries entre intimes, « il ne pardonnait pas à Victor Hugo, dit Mme  Dornis, sa profonde ignorance des questions historiques et scientifiques. Il lui en voulait de sa vanité, de sa