Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/231

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Aux pentes du coteau, sous les roches moussues,
L’eau vive en murmurant filtre par mille issues,
Croît, déborde, et remue en son cours diligent
La mélisse odorante et les cailloux d’argent.
Le soir monte : on entend s’épandre dans les plaines
De flottantes rumeurs et de vagues haleines,
Le doux mugissement des grands bœufs fatigués
Qui s’arrêtent pour boire en traversant les gués,
Et sous les rougeurs d’or du soleil qui décline
Le bruit grêle des pins au front de la colline.
Dans les sentiers pierreux qui mènent à la mer,
Rassasié de thym et de cytise amer,
L’indocile troupeau des chèvres aux poils lisses
De son lait parfumé va remplir les éclisses ;
Le tintement aigu des agrestes grelots
S’unit par intervalle à la plainte des flots,