Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/40

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Le vieux Daçaratha, sur son siège d’érable,
Depuis trois jours entiers, depuis trois longues nuits,
Immobile, l’œil cave et lourd d’amers ennuis,
          Courbe sa tête vénérable.

Son dos maigre est couvert de ses grands cheveux blancs,
Et sa robe est souillée. Il l’arrache et la froisse.
Puis il gémit tout bas, pressant avec angoisse
          Son cœur de ses deux bras tremblants.

À l’ombre des piliers aux lignes colossales,
Où le lotus sacré s’épanouit en fleurs,
Ses femmes, ses guerriers respectent ses douleurs,
          Muets, assis autour des salles.

Le vieux Roi dit : — Je meurs de chagrin consumé.
Qu’on appelle Rama, mon fils plein de courage ! —
Tous se taisent. Les pleurs inondent son visage.
          Il dit : — Ô mon fils bien aimé !