Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/86

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Limmense mer sommeille. Elle hausse et balance
Ses houles où le ciel met d’éclatants îlots.
Une nuit d’or emplit d’un magique silence
La merveilleuse horreur de l’espace et des flots.

Les deux gouffres ne font qu’un abîme sans borne
De tristesse, de paix et d’éblouissement,
Sanctuaire et tombeau, désert splendide et morne
Où des millions d’yeux regardent fixement.

Tels, le ciel magnifique et les eaux vénérables
Dorment dans la lumière et dans la majesté,
Comme si la rumeur des vivants misérables
N’avait troublé jamais leur rêve illimité.