Page:Leconte de Lisle - Poèmes barbares.djvu/83

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Angantyr, dans sa fosse étendu, pâle et grave,
À l’abri de la lune, à l’abri du soleil,
L’épée entre les bras, dort son muet sommeil ;
Car les aigles n’ont point mangé la chair du brave,
Et la seule bruyère a bu son sang vermeil.

Au faîte du cap noir sous qui la mer s’enfonce,
La fille d’Angantyr que nul bras n’a vengé
Et qui, dans le sol creux, gît d’un tertre chargé,
Hervor, le sein meurtri par la pierre et la ronce,
Trouble de ses clameurs le héros égorgé.


HERVOR


Angantyr, Angantyr ! c’est Hervor qui t’appelle.
Ô Chef, qui labourais l’écume de la mer,