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et lettres intimes

Poète, c’est assez ! Hercule littéraire,
Ton œuvre du génie est la pierre angulaire.
Oui, ton jeune talent, éclair dans notre soir,
Reflète ses rayons sur l’avenir moins noir ;
Il nous montre de loin la limite sacrée,
Les cieux, où tend l’essor de ton âme enivrée ;
À sa voix, l’idéal, cet arc-en-ciel du cœur,
Nous verse avec amour ses parfums de bonheur,
Et chaque mot tombé de tes lèvres hardies,
Chaque note sortant de tes cordes raidies,
Proclament, d’ici-bas au céleste horizon,
Qu’on peut versifier sans rimes ni raison.



ESQUISSE

D’UN

HYMNE AU SOLEIL COUCHANT


Du splendide Orient monarque solennel,
Devant ton char d’éclairs dont s’embrase le ciel,
Les mers s’entr’ouvrent d’elles-mêmes ;
Adieu, mourant sublime, astre de flamme et d’or,
Adieu, la nuit s’abaisse et l’univers s’endort,
Baigné de tes rayons suprêmes :
Majestueux soleil, de ton linceul pourpré,
Comme un guerrier vaincu, voile ton front sacré !