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premières poésies




XL



À GEORGE SAND[1]


Lorsque de sa lumière harmonieuse et douce,
Le printemps parfumé réjouit dans la mousse
L’insecte anéanti longtemps par le sommeil,
Dans son frêle langage il bénit le soleil,
S’unissant par l’amour à l’hymne solennelle
Qu’exhale la nature en sa joie éternelle.
C’est ainsi que mon cœur, avec effusion,
T’offre tout bas l’encens de l’admiration,

Ô poète éclatant, âme que le génie
Fit d’un rayon d’amour, d’orgueil et d’harmonie,
Lyre où tombe un reflet de l’immortalité,
Qui chante dans l’extase et dans la majesté !...

Ah ! prêtresse de l’art, ta parole flamboie,
Ta parole est un ciel où mon âme se noie,
Un temple dont la base est faite de granit,
Où l’arabesque d’or à l’acanthe s’unit

  1. Le timbre de la poste, au revers de la feuille qui contient ces vers porte : Rennes, 27 sept. 1839.