Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 6.djvu/631

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point de chaos, point de confusion qu’en apparence ; à peu près comme il en paraîtroit dans un étang à une distance dans laquelle on verroit un mouvement confus et un grouillement pour ainsi dire de poissons de l’étang sans discerner les poissons mêmes.

70. On voit par là que chaque corps vivant a une entéléchie dominante qui est l’ame dans l’animal ; mais les membres de ce corps vivant sont pleins d’autres vivants, plantes, animaux, dont chacun a encore son entéléchie ou son ame dominante.

71. Mais il ne faut point s’imaginer avec quelques-uns qui avaient mal pris ma pensée, que chaque ame a une masse ou portion de la matière propre ou affectée à elle pour toujours, et qu’elle possède par conséquent d’autres vivants inférieurs destinés toujours à son service. Car tous les corps sont dans un flux perpétuel comme des rivières, et des parties y entrent et en sortent continuellement.

72. Ainsi l’ame ne change de corps que peu à peu et par degrés, de sorte qu’elle n’est jamais dépouillée tout d’un coup de tous ses organes, et il y a souvent métamorphose dans les animaux, mais jamais métempsycose ny transmigration des ames : il n’y a pas non plus d’ames tout à fait séparées ny de génies sans corps. Dieu seul en est détaché entièrement.

73. C’est ce qui fait aussi qu’il n’y a jamais ny génération entière, ny mort parfaite prise à la rigueur, consistant dans la séparation de l’ame. Et ce que nous appelons générations sont des développemens et des accroissemens, comme ce que nous appelons morts sont des enveloppemens et diminutions.

74. Les philosophes ont été fort embarrassés sur l’origine des formes, entéléchies ou ames ; mais aujourd’hui, lorsqu’on s’est aperçu par des recherches exactes, faites sur les plantes, les insectes et les animaux, que les corps organiques de la nature ne sont jamais produits d’un chaos ou d’une putréfaction, mais toujours par des semences, dans lesquelles il y avait sans doute quelque préformation, on a jugé que non seulement le corps organique y était déjà avant la conception, mais encore une ame dans ce corps, et, en un mot, l’animal même, et que par le moyen de la conception cet animal a été seulement disposé à une grande transformation