Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/42

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peut-être ne contiennent pas en pareil nombre les riches demeures, les cours et les palais… » Nul catholicisme plus anti-bourgeois que celui de Veuillot.

Point d’ascétisme, sinon peut-être dans la partie la plus réservée de sa vie intérieure. Il ne se fit pas uniquement catholique pour orner et sauver son âme, mais pour servir le plus d’âmes possible, propager le bienfait qu’il avait reçu, et leur donner la foi qui seule assure à tous la vie heureuse ou supportable, même en ce monde-ci, en inspirant la bonté aux puissants autant que la patience aux déshérités. Ce trait est fort remarquable chez Veuillot. C’est bien en vue de la vie éternelle, mais c’est aussi, et très formellement, pour diminuer les douleurs de la vie présente (les deux buts devant d’ailleurs être atteints par les mêmes voies) que Veuillot se soucie de l’humanité, étant lui-même trop vivant, trop débordant d’énergie et trop épris de l’action pour se désintéresser, à la façon des ascètes, de cette vie mortelle et transitoire. La cité de Dieu dont il rêve, il ne la rejette pas tout entière par delà la mort. Pour lui, le temps de l’épreuve est déjà le commencement de la récompense. C’est un saint très pratique par tempérament.

Peu de métaphysique, je l’ai dit. S’il en avait une, ce serait la métaphysique imaginative de Joseph de Maistre, qu’il connaît bien et qui est un de ses oracles. C’est avec le cœur qu’il croit. Il reçoit comme