Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/51

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sauf la différence des conclusions — avec Taine et avec Renan. De même, il constate que la Révolution a surtout profité aux riches ; il cherche en vain ce qu’elle a fait pour les pauvres : et l’on a la surprise de le voir se rencontrer là-dessus avec les plus décidés révolutionnaires d’aujourd’hui.

Toutes les variétés de l’espèce libre penseuse l’exaspèrent : non seulement le libre penseur militant, celui dont il a férocement tracé le type sous le nom de Coquelet et qui ressemble déjà très exactement à M. Homais bien avant le roman de Flaubert, mais encore et surtout le libre penseur douceâtre, qui a de la condescendance pour la religion. Plus que le Siècle ou le Constitutionnel, il exècre le Journal des Débats et la Revue des Deux-Mondes. J’imagine qu’il se fût étrangement défié de nos néo-catholiques, de ces gens qui font des gestes pieux et qui, mis au pied du mur, confesseraient qu’ils ne croient même pas à la divinité du Christ. Il vous les eût mis dans le même sac que le protestantisme, qu’il considère comme une pure hypocrisie, comme une forme hybride et honteuse du rationalisme. Chose curieuse, c’est aux pasteurs protestants qu’il trouve l’air béat et cafard de Basile ; et il les accable tout justement des mêmes railleries que les libres penseurs vulgaires ont coutume d’adresser aux « curés ». — Bref, il ne comprend pas ou refuse énergiquement de comprendre le sentiment religieux sans la foi, et sans la foi catholique. Et c’est encore une des marques de