Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/242

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3. Son fils y alla ; et étant revenu, il lui dit qu’il y avait dans la rue le corps d’un des enfants d’Israël qui avait été tué. Tobie se leva aussitôt de table, et laissant là le dîner, il vint à jeun vers le corps ;

4. Et l’enlevant, il l’emporta secrètement dans sa maison, pour l’ensevelir sûrement lorsque le soleil serait couché.

5. Et ayant caché le corps, il commença de manger avec larmes et tremblement,

6. Repassant dans son esprit cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : Vos jours de fête se changeront en des jours de pleurs et de larmes.

7. Et lorsque le soleil fut couché, il alla et l’ensevelit.

8. Or tous ses proches le blâmaient, disant : On a déjà commandé de vous faire mourir pour ce sujet, et vous avez eu bien de la peine à échapper à votre condamnation ; et après cela, vous ensevelissez encore les morts ?

9. Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, emportait les corps de ceux qui avoient été tués, les cachait dans sa maison, et les ensevelissait au milieu de la nuit.

10. Il arriva un jour que, s’étant lassé à ensevelir les morts, il revint en sa maison, et s’étant couché au pied d’une muraille, il s’endormit.

11. Et pendant qu’il dormait, il tomba d’un nid d’hirondelle de la fiente chaude sur ses yeux ; ce qui le rendit aveugle.

12. Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, afin que sa patience fût donnée en exemple à la postérité, comme celle du saint homme Job.

13. Car ayant toujours craint Dieu dès son enfance, et ayant gardé ses commandements, il ne murmura point contre Dieu de ce que la plaie de la cécité lui était survenue.

14. Mais il demeura ferme dans la crainte du Seigneur, rendant grâces à Dieu tous les jours de sa vie.

15. Car comme des rois insultaient au bienheureux Job, ainsi ses parents et ses alliés se raillaient de sa vie, disant :

16. Où est votre espérance, pour laquelle vous faisiez des aumônes et vous ensevelissiez les morts ?

17. Mais Tobie les reprenait, disant : Ne parlez point de la sorte ;

18. Car nous sommes enfants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne violent jamais la fidélité qu’ils lui ont promise.

19. Or Anne sa femme allait tous les jours faire de la toile, et apportait du travail de ses mains ce qu’elle pouvait gagner pour vivre.

20. Il arriva donc qu’ayant reçu un jour un chevreau, elle l’apporta à la maison ;

21. Et son mari l’ayant entendu bêler, dit : Prenez garde que ce chevreau n’ait été dérobé ; rendez-le à ceux à qui il appartient, parce qu’il ne nous est pas permis de manger quelque chose qui ait été dérobé, ni d’y toucher.

22. Alors sa femme irritée lui répondit : Vos espérances sont manifestement devenues vaines, et voilà à quoi se sont terminées vos aumônes.

23. Et sa femme lui insultait par ces discours et d’autres semblables.



Prière de Tobie et de Sara, fille de Raguel. Le Seigneur les exauce,
il envoie à leur secours l’ange Raphaël.


1. Alors Tobie gémit, et commença de prier avec larmes,

2. Disant : Seigneur, vous êtes juste, et tous vos jugements sont pleins d’équité, et toutes vos voies ne sont