Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/518

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raillerie dans cette cruelle exposition, à laquelle il avait été abandonné, voyant la différence qu’il y avait entre leur soif et celle des justes.

16. Et parce que vous avez voulu punir les pensées extravagantes de l’iniquité de ces peuples, et les erreurs de quelques-uns qui adoraient des serpents muets, et des bêtes méprisables, vous avez envoyé contre eux une multitude d’animaux muets pour vous venger d’eux,

17. Afin qu’ils sussent que chacun est tourmenté par la même chose par laquelle il pèche.

18. Car il n’était pas difficile à votre main toute puissante, qui a tiré tout le monde d’une matière informe, d’envoyer contre eux une multitude d’ours et de fiers lions,

19. Ou de bêtes d’une espèce nouvelle et inconnue, pleines de fureur, qui jetassent les flammes par les narines, ou qui répandissent une noire fumée, ou qui lançassent d’horribles étincelles du feu de leurs yeux ;

20. Qui non seulement auraient pu les exterminer par leurs morsures, mais dont la seule vue les aurait fait mourir de frayeur.

21. Sans cela même ils pouvaient périr d’un seul souffle, persécutés par leurs propres crimes, et renversés par le souffle de votre puissance ; mais vous réglez toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids.

22. Car la souveraine puissance est à vous seul, et vous demeure toujours ; et qui pourra résister à la force de votre bras ?

23. Tout le monde est devant vous comme ce petit grain qui donne à peine la moindre inclinaison à la balance, et comme une goutte de la rosée du matin qui tombe sur la terre.

24. Mais vous avez compassion de tous les hommes, parce que vous pouvez tout ; et vous dissimulez leurs péchés, afin qu’ils fassent pénitence,

25. Car vous aimez tout ce qui est, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait ; puisque si vous l’aviez haï, vous ne l’auriez point créé.

26. Qu’y a-t-il qui pût subsister si vous ne vouliez pas, ou qui se pût conserver sans votre ordre ?

27. Mais vous êtes indulgent envers tous, parce que tout est à vous, ô Seigneur, qui aimez les âmes.



Dieu châtie avec patience ceux qui l’ont offensé, pour leur donner lieu de faire pénitence. Il instruit ses enfants par les châtiments qu’il exerce sur ses ennemis.


1. O Seigneur, que votre esprit est bon, et qu’il est doux dans toute sa conduite !

2. C’est pour cela que vous châtiez peu à peu ceux qui s’égarent, que vous les avertissez des fautes qu’ils font, et que vous les instruisez, afin que se séparant du mal ils croient en vous, ô Seigneur.

3. Vous aviez en horreur ces anciens habitants de votre terre sainte,

4. Parce qu’ils faisaient des œuvres détestables par des enchantements et des sacrifices impies,

5. Qu’ils tuaient sans compassion leurs propres enfants, qu’ils mangeaient les entrailles des hommes, et qu’ils dévoraient le sang contre votre ordonnance sacrée,

6. Et qu’ils étaient tout ensemble les pères et les parricides des âmes cruellement abandonnées ; et vous les avez voulu perdre par les mains de nos pères,

7. Afin que cette terre, qui vous était la plus chère de toutes, devint le digne héritage des enfants de Dieu.

8. Et néanmoins vous les avez épargnés comme étant hommes, et vous