Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/520

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joué d’eux d’abord en les punissant comme des enfants insensés.

26. Mais ceux qui ne se sont pas corrigés par cette manière d’insulte et de réprimande ont éprouvé ensuite une condamnation digne de Dieu.

27. Car ayant la douleur de se voir tourmentés par les choses mêmes qu’ils prenaient pour des dieux, et voyant qu’on s’en servait pour les exterminer et pour les perdre, ils reconnurent le Dieu véritable qu’ils faisaient profession de ne pas connaître ; et ils furent enfin accablés par la dernière condamnation.




Vanité des hommes qui, au lieu de reconnaître Dieu dans ses créatures, les ont prises elles-mêmes pour des dieux. Folie et aveuglement de ceux qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes.


1. Tous les hommes qui n’ont point la connaissance de Dieu ne sont que vanité ; ils n’ont pu comprendre par les biens visibles le souverain Être, et ils n’ont point reconnu le Créateur par la considération de ses ouvrages ;

2. Mais ils se sont imaginé que le feu, ou le vent, ou l’air le plus subtil, ou la multitude des étoiles, ou l’abîme des eaux, ou le soleil et la lune, étaient les dieux qui gouvernaient tout le monde.

3. Que s’ils les ont crus des dieux, parce qu’ils ont pris plaisir à en voir la beauté, qu’ils conçoivent de là combien celui qui en est le dominateur doit être encore plus beau ; car c’est l’auteur de toute beauté qui a donné l’être à toutes ces choses.

4. Que s’ils ont admiré le pouvoir et les effets de ces créatures, qu’ils comprennent de là combien est encore plus puissant celui qui les a créées ;

5. Car la grandeur et la beauté de la créature peut faire connaître et rendre visible le Créateur.

6. Et néanmoins ces personnes sont un peu plus excusables que les autres ; car s’ils tombent dans l’erreur, on peut dire que c’est en cherchant Dieu, et en s’efforçant de le trouver.

7. Ils le cherchent parmi ses ouvrages, et ils sont emportés par la beauté des choses qu’ils voient.

8. Mais d ailleurs ils ne méritent point de pardon.

9. Car s’ils ont pu avoir assez de lumière pour connaître l’ordre du monde, comment n’ont-ils pas découvert plus aisément celui qui en est le dominateur ?

10. Mais ceux-là sont vraiment malheureux, et n’ont que des espérances mortes, qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes, à l’or, à l’argent, aux inventions de l’art, aux figures des animaux, et à une pierre de nul usage, qui est le travail d’une main antique.

11. Un ouvrier habile coupe par le pied dans une forêt un arbre bien droit, il en ôte adroitement toute l’écorce, et, se servant de son art, il en fait quelque meuble pour l’usage de la vie ;

12. Il se sert du bois qui lui est demeuré de son travail pour se préparer à manger ;

13. Et voyant que ce qui lui reste n’est bon à rien, que c’est un bois tortu et plein de nœuds, il le taille avec soin et tout à loisir, il lui donne une figure par la science de son art, et il en fait l’image d’un homme,

14. Ou de quelqu’un des animaux ; et le frottant avec du vermillon, il le peint de rouge, il lui donne une couleur empruntée, et il en ôte avec adresse toutes les taches et tous les défauts :

15. Après cela il fait à sa statue une niche qui lui soit propre, il la place dans une muraille, et la fait tenir avec du fer,

16. De peur qu’elle ne tombe ; et il use