Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/521

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de cette précaution, sachant qu’elle ne se peut aider elle-même, parce que ce n’est qu’une statue, et qu’elle a besoin d’un secours étranger.

17. Il lui fait ensuite des vœux, et il l’implore pour ses biens, pour ses enfants, ou pour un mariage. Il ne rougit point de parler à un bois sans âme.

18. Il prie pour sa santé celui qui n’est que foiblesse ; il demande la vie à un mort, et il appelle à son secours celui qui ne peut se secourir.

19. Pour avoir des forces dans son voyage, il s’adresse à celui qui ne peut marcher ; et lorsqu’il pense à acquérir ou à entreprendre quelque chose, et qu’il est en peine du succès de tout ce qui le regarde, il implore celui qui est inutile à tout.



Folie de celui qui, en s’embarquant, invoque une idole. Prophétie de la ruine de l’idolâtrie. Origine de l’idolâtrie. Maux dont elle est la source.


1. Un autre aussi ayant entrepris de se mettre en mer, et commençant à faire voile sur les flots impétueux, invoque un bois plus fragile que n’est le bois qui le porte.

2. Car le désir de gagner a inventé la structure de ce bois, et l’ouvrier en a formé un vaisseau par son adresse.

3. Mais c’est votre prudence, ô Père, qui le gouverne ; car c’est vous qui avez ouvert un chemin au travers de la mer, et une route très-assurée au milieu des flots,

4. Pour faire voir que vous pouvez sauver de tous les périls, quand on s’engagerait même sur la mer sans le secours d’aucun art.

5. Mais afin que les ouvrages de votre sagesse ne fussent point inutiles, les hommes ne craignent pas de confier leur vie à un peu de bois, et, passant la mer, ils se sauvent des dangers avec un vaisseau.

6. Aussi, dès le commencement du monde, lorsque vous fîtes périr les géants superbes, un vaisseau fut l’asile et le dépositaire de l’espérance de l’univers ; et étant gouverné par votre main, il conserva au monde la tige de laquelle il devait renaître.

7. Car le bois qui sert à la justice est un bois béni :

8. Mais le bois dont on fait l’idole est maudit lui-même, aussi bien que l’ouvrier qui l’a faite : celui-ci, parce qu’il a fait une idole ; et celui-là parce que, n’étant qu’un bois fragile, il porte le nom de dieu.

9. Car Dieu a également en horreur l’impie et son impiété ;

10. Et l’ouvrage souffrira la même peine que l’ouvrier qui l’a fait.

11. C’est pourquoi les idoles des nations ne seront point épargnées, parce que les créatures de Dieu sont devenues un objet d’abomination, un sujet de tentation aux hommes, et un filet où les pieds des insensés se sont pris.

12. Le premier essai de former des idoles a été le commencement de prostitution ; et leur établissement a été l’entière corruption de la vie humaine :

13. Car les idoles n’ont point été dès le commencement, et elles ne seront point pour toujours.

14. C’est la vanité des hommes qui les a introduites dans le monde ; c’est pourquoi on en verra bientôt la fin.

15. Un père affligé de la mort précipitée de son fils fit faire l’image de celui qui lui avait été ravi sitôt ; il commença à adorer comme dieu celui qui comme homme était mort un peu auparavant, et il lui établit parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices.

16. Cette coutume criminelle s’étant autorisée de plus en plus dans la suite