Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
MADAME AMABLE TASTU.


Sur cette rive où ma fortune expire,
Où mon talent sur l’aile du zéphyre
                 S’est envolé,
Vais-je exposer sur l’élément perfide
Un vœu plus cher ?… Non, non, ma main timide
                 A reculé.

Mon faible cœur, en blâmant sa faiblesse,
Ne peut bannir une sombre tristesse,
                 Un vague effroi ;
Un cœur malade est crédule aux présages :
Il s’amassait de menaçants nuages
                 Autour de moi.

Le vert rameau de mes mains glisse à terre ;
Je m’éloignai, pensive et solitaire,
                 Non sans effort ;
Et dans la nuit mes songes fantastiques
Autour du saule aux feuilles prophétiques
                 Erraient encor !



______