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VICTOR HUGO.

Elle, bonne et puissante, et de son trésor pleine,
Sous leurs mains par moments faisant frémir à peine
Son beau flanc plus ombré qu’un flanc de léopard,
Distraite, regardait vaguement quelque part.

Ainsi, Nature, abri de toute créature !
Ô mère universelle, indulgente Nature !
Ainsi, tous à la fois, mystiques et charnels,
Cherchant l’ombre et le lait sous tes flancs éternels,
Nous sommes là, savants, poètes, pêle-mêle,
Pendus de toutes parts à ta forte mamelle !
Et tandis qu’affamés, avec des cris vainqueurs,
À tes sources sans fin désaltérant nos cœurs,
Pour en faire plus tard notre sang et notre âme,
Nous aspirons à flots ta lumière et ta flamme,
Les feuillages, les monts, les prés verts, le ciel bleu,
Toi, sans te déranger, tu rêves à ton Dieu !


(Voix intérieures)
______



TRISTESSE D’OLYMPIO




Les champs n’étaient point noirs, les cieux n’étaient pas mornes ;
Non ! Le jour rayonnait dans un azur sans bornes
                     Sur la terre étendu,
L’air était plein d’encens, et les prés de verdures,
Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
                     Son cœur s’est répandu !

L’automne souriait, les coteaux vers la plaine
Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine,
                    Le ciel était doré,