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AUGUSTE BRIZEUX


1803 – 1858




Auguste Brizeux débuta, en 1831, par l’idylle de Marie. Il a publié depuis Les Ternaires ou La Fleur d’or, le poème des Bretons, des Histoires poétiques et la Poétique nouvelle, et traduit en prose la Divine comédie.

Sainre-Beuve disait, en parlant de Marie :

« En lisant ce petit livre tout virginal et filial, le décor, le venustus, le simplex munditiis des Latins, reviennent à la pensée, pour exprimer le sentiment qu’il inspire dans sa décence continue. Les plus vrais tableaux, les plus vives réalités qu’il nous offre, ont encore un parfum antique qui trahit une instinctive familiarité avec les maîtres de l’âge d’élégance, avec les poètes du Musée de l’Anthologie. Quelque chose de ce qu’on éprouve devant l’Œdipe d’Ingres, ou à la lecture de l’Antigone de Ballanche, se retrouve ici, moins grave, moins direct, et ménagé sous un adorable artifice. L’élégie du pont Kerlô me reporte involontairement à Moschus, à Bion. L’hymne à la Pitié pourrait être un écho plaintif de Synesius. C’est le propre des poésies extrêmement civilisées de revenir avec une curiosité expresse à la nature la plus détaillée, à la simplicité la plus attentive. Théocrite n’a-t-il pas fait les Syracusaines, et le rhéteur Longus la pastorale de Daphnis et Chloé ? Mais chez l’auteur de Marie tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus