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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Car la prière au Ciel les conduit chaque jour.
Ce voyage céleste est bien facile à faire :
Au pied du crucifix, on a l’embarcadère,
Où l’on prend son billet d’aller et de retour.

Tous ces chers trépassés, que l’on croit insensibles,
Ce ne sont pas les morts, ce sont les invisibles :
Ils revivent là-haut, dans un monde éternel,
Sous ce grand rideau bleu, que les astres parsèment ;
Ils l’entr’ouvrent souvent, nous regardent, nous aiment :
                 Les morts sont les vivants du Ciel.


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LE PETIT SOU NEUF




Comme te voilà beau, Monsieur le petit sou :
           Tu ressembles à la grisette
En robe du dimanche. As-tu pris au Pérou
             Ces couleurs d’or de ta toilette ?

Avec tes habits neufs, petit sou, mon mignon,
            Tu sembles de bonne famille.
— Serait-ce Monseigneur le louis d’or ? dit-on.
            — Non, c’est un parvenu qui brille.

Tu sors de la Monnaie, ainsi que d’un château,
            Tu prends des airs fiers et sublimes,
Et chacun te salue, en te voyant si beau,
            Petit marquis de cinq centimes.