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ANDRÉ THEURIET


1833




Né, à la lisière des futaies de Marly, élevé au milieu des grands bois de la Meuse, André Theuriet nous apparaît dans son premier recueil comme un poète essentiellement forestier. « Son Chemin des Bois, dit Théophile Gautier dans son étude sur les Progrès de la Poésie française depuis 1830, nous ramène à la campagne, et l’on fait bien de suivre Theuriet sous les verts ombrages où il se promène comme Jacques le mélancolique dans la forêt de Comme il vous plaira, faisant des réflexions sur les astres, les fleurs, les herbes, les oiseaux, les daims qui passent, et le charbonnier assis sous la hutte en branchages. C’est un talent fin et discret que celui de Theuriet : il a la fraîcheur, l’ombre et le silence des bois, et les figures qui animent ses paysages glissent sans faire de bruit comme sur des tapis de mousse, mais elles vous laissent leur souvenir, et elles vous apparaissent sur un fond de verdure, dorées par un oblique rayon ce de soleil… »

Si dans le Chemin des Bois André Theuriet se montre trop exclusivement paysagiste, son second recueil : Le Bleu et le Noir, nous le fait voir sous des aspects plus divers. Tout en gardant sa note de sincérité attendrie, il a acquis une facture plus savante, et sa manière s’est élargie. Sa forme est devenue plus précise, son inspiration plus variée. Dans l’intervalle, la guerre de 1870 a éclaté ; le poète, sac au dos et le fusil sur