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HENRI-CHARLES READ


1857-1876




Henri-Charles Read, né à Paris le 24 août 1857, y est mort le 2 décembre 1876. Ainsi, c’est l’œuvre d’un enfant qu’a recueillie Lemerre sous ce titre : Poésies posthumes (1879) [1] Mais qui donc, parmi les hommes, a été doué d’un sentiment plus aigu et plus subtil que cet enfant ? Qui mieux que lui a entrevu la perfection ? André Chénier en naissant avait reçu la visite des abeilles de Grèce et senti sur ses lèvres la douceur de leur miel. C’est la poésie latine qui s’est tenue auprès du berceau de Henri-Charles Read. En effet, ce qui distingue ses vers, n’est-ce pas la nuance toute virgilienne des adjectifs ? Personne, parmi les plus habiles, ne l’a peut-être égalé dans l’art antique de choisir les épithètes. Il sait rendre, avec des mots et des tours latins exquis, sa mélancolie toute moderne et sa pensée toute personnelle.

Parfois, sans doute, une couleur nouvelle anime la phrase du jeune poète. Lui était-il possible de se tenir complètement étranger à la langue de ceux qu’il entendait parler autour de lui ? Quand on lit les Poésies posthumes, deux artistes, l’un de Mantoue, l’autre de Paris, semblent souvent aux prises dans les mêmes endroits. Henri-Charles Read, mieux peut-être qu’aucun de nos contemporains, a perçu l’idéal littéraire tel que le concevaient les grands maîtres d’autrefois. Nul n’a eu plus d’originalité jointe à un goût plus raffiné. C’est ce qui nous fait regretter d’autant plus amèrement son départ prématuré, dont toute la poétique tristesse est si

  1. Outre celle de 1879, il existe deux autres éditions des Poésies de Henri-Charles Read : 1886, Petite Bibliothèque Littéraire ; 1888, in-8o avec dix dessins d’Émile Adan, gravés à l’eau-forte par Le Rat.