Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/127

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écrit-il encore en 1849, et principalement de la Bataille d’Eylau ; tout m’en plaît à présent. Il est plus maître que dans Jaffa, l’exécution est plus libre. » Quelquefois des réserves, sur Aboukir, par exemple ; « La crudité des tons est extrême, l’enchevêtrement de ces hommes et de ces chevaux est un peu inexcusable. » Mais il note la supériorité dans la représentation des chevaux, que lui, Delacroix, aimait beaucoup : « Géricault trop savant, Rubens et Gros supérieurs, Barye mesquin dans ses lions. L’antique est le modèle en cela comme dans le reste. » Enfin, en 1862, à la veille de sa mort : « Après Gros, issu de David, mais original par tous les côtés, Prudhon… Géricault… ouvraient des horizons infinis et autorisaient toutes les nouveautés. »

Et quand on voit au Louvre les tableaux aujourd’hui voisins de la Bataille d’Eylau et des Massacres de Scio, on a la sensation que là aussi une transposition de noms d’auteurs ne serait pas quelque chose d’absolument ridicule à imaginer. Même instinct dramatique et pittoresque, même sentiment de la couleur, plus légère, plus fine, plus riche, chez Delacroix. Et le Grec si long, étendu au premier plan des Massacres de Scio sur les genoux d’une vieille femme, ne rappelle-t-il pas un grand corps nu de soldat dans les Pestiférés ?

Mais Géricault mourut en 1824, et, à partir de cette date aussi, Delacroix entra dans des voies artistiques en grande partie nouvelles. Eux mis à part, quelle action des œuvres comme Eylau ou Jaffa ont-elles exercées sur