Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/93

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exposés des traces de talent ne faisaient qu’en accentuer le réel insuccès.

En 1835, Gros fut élu président de l’Académie des Beaux-Arts et des cinq classes de l’institut et nommé président du jury pour le Salon des Beaux-Arts. Ces honneurs attirèrent encore plus l’attention sur lui, et les fonctions de président du jury étaient particulièrement redoutables, à une époque où les théories ou bien les préjugés personnels tenaient une si grande place dans le jugement des œuvres, et où les refus, quand il s’agissait de certains noms, exaspéraient les passions. Gros fut-il très dur et intransigeant, comme on le lui reprochait ? Faut-il, au contraire, admettre qu’il avait le sentiment des difficultés où se débattent toujours les jeunes artistes et que, par souvenir de ses premières années, il leur était souvent indulgent ?

Férogio, du moins, raconte qu’au Salon de 1833, le vieux Thévenin se montrant d’une sévérité extrême, Gros se serait emporté contre lui. « À un tableau plus que passable, que M. Thévenin frappait encore de sa réprobation, M. Gros se fâcha et lui dit : « Vous qui renvoyez ce tableau, vous ne seriez pas capable d’en faire « autant ! » Tripier Le Franc a rapporté quelque chose de semblable.

Or Gros avait fait pour le Salon de 1835 un grand effort qui, dans sa pensée, était surtout une protestation. Avec un Acis et Galatée, il exposait un Hercule et Diomède[1],

  1. Musée de Toulouse.