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colonne Terrillon sauva la ville et la tête du roi. Behanzin, désespéré d'avoir subi des pertes considérables, se retira dans le nord.

Voici un extrait de la lettre que Behanzin adressa au gouverneur Ballot avant la guerre (je mentionne seulement ce qui a trait à cette guerre) : « Si vous voulez la guerre, je suis prêt ; je ne la finirai pas, quand même elle durerait cent ans et me tuerait vingt mille hommes. Je ne veux pas que vous m'avertissiez, car je suis toujours prêt sur tous les points ; je suis informé de tout ; je connais le nombre des millions que la France veut dépenser pour cette guerre, je suis très bien renseigné. »

À ce moment les troupes de Behanzin campaient à trois jours de marche environ de Porto-Novo. En outre, d'autres troupes étaient réparties comme suit : 4 000 hommes devant Cotonou ; 4 000 sur la rive gauche de l'Ouémé ; 2 000 entre Ouidah et Savé ; 2 000 à Allada, et 4 000 à Abomey. Il y avait également huit canons à Godomey et quatre à Ouidah.

Enfin, en vertu d'un décret daté du 30 avril 1892, le colonel Dodds, de l'infanterie de marine, fut chargé de constituer le corps expéditionnaire du Dahomey avec le titre de commandant supérieur des établissements français du Bénin. Il devait exercer les pouvoirs civils et militaires. Le colonel Dodds est né au Sénégal en 1842. Il est sorti de Saint-Cyr en 1864. Il était chef de bataillon à trente-six ans et colonel à quarante-cinq ans. En arrivant au Dahomey, il adressa la lettre suivante au roi Behanzin.

« Nommé par M. le Président de la République au commandement supérieur des établissements français situés sur la côte des Esclaves, je suis arrivé à Cotonou le 28 mai.

« Mon étonnement a été grand d'apprendre en débarquant, qu'au mépris du droit des gens, vous déteniez illégalement trois commerçants français à Ouidah, et que vous aviez de nouveau violé les engagements