Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t1, 1880, trad. Aulard.djvu/241

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aux Perses un deuil infini. Peu à peu, vaincus par les blessures, ils tombent l’un sur l’autre. Oh viva, viva ! hommes heureux que vous êtes, tant que dans le monde on parlera ou on écrira.

« Les étoiles arrachées et précipitées dans la mer s’y éteindront en sifflant dans l’abîme, avant que votre mémoire et l’amour de vous passent ou s’affaiblissent. Votre tombe est un autel : les mères y viendront montrer à leurs enfants les belles traces de votre sang. Voici que je me prosterne, ô hommes bénis, sur le sol et que je baise ces rochers et ces mottes de terre, qu’on louera et célébrera éternellement de l’un à l’autre pôle. Ah ! que ne suis-je avec vous là-dessous et que n’est-elle mouillée de mon sang, cette terre si douce ! Si mon destin est autre, s’il ne consent pas à ce que pour la Grèce je ferme mes yeux mourants, renversé à la guerre, puisse la modeste renommée de votre poète dans les races futures, si les dieux le veulent, durer autant que la vôtre durera. »