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VII

AU PRINTEMPS
OU
DES FABLES ANTIQUES.

(1824.)


Puisque le soleil répare les dégâts du ciel, puisque Zéphyr ravive l’air malade, met en fuite et disperse les nuages dont l’ombre lourde s’abaisse ; puisque les oiseaux confient aux vents leur frêle poitrine et qu’à travers les bois qu’elle pénètre et les frimas qu’elle dissout la lumière du jour inspire aux animaux émus un nouveau désir d’amour, une nouvelle espérance, peut-être que la belle saison revient pour les âmes humaines fatiguées, ensevelies dans la douleur et que les disgrâces et le noir aspect de la vérité ont consumées avant le temps. Les rayons de Phébus ne sont donc pas à jamais obscurcis et éteints pour le malheureux ? et tu inspires et tu tentes encore, printemps embaumé, ce cœur glacé, ce cœur qui apprend l’amère vieillesse dans la fleur de ses ans ?