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XX

LA RÉSURRECTION.

(1829-1830.)


Je crus qu’en moi, à la fleur de mes ans, avaient entièrement disparu les doux chagrins de mon premier âge :

Les doux chagrins, les tendres mouvements du cœur profond, tout ce qui au monde nous rend agréable de sentir.

Combien de plaintes et de larmes je répandis dans mon nouvel état, quand à mon cœur glacé pour la première fois la douleur manqua !

Quand manquèrent les palpitations accoutumées, quand l’amour me fit défaut et que mon sein durci cessa de soupirer !

Je pleurai la vie désormais dépouillée, inanimée pour moi, la terre stérilisée et emprisonnée dans une glace éternelle.

Le jour désert, la nuit muette plus solitaire et