Page:Lermina - L’effrayante aventure.djvu/138

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querelles personnelles. On vit même deux de ces illustres chauves prêts à se prendre à ce qui pouvait leur rester de cheveux.

Le grave journal, Le Temps, ayant paru à cinq heures, ne pouvait s’empêcher, en donnant un compte rendu humoristique de cette séance mouvementée, de terminer son spirituel article par la phrase proverbiale : « Et voilà pourquoi votre fille est muette. »

Paris eût bien voulu s’égayer. Mais en vérité une étrange inquiétude régnait. Un véritable malaise serrait toutes les poitrines et les plaisanteries se figeaient sur les lèvres.

Certes, les terrasses des cafés étaient pleines ; mais il n’y régnait pas cette insouciance de bon aloi qui fait si légère et si douce l’atmosphère de notre pays. Les causeurs se taisaient soudain, comme s’ils avaient entendu — là-bas, on ne sait où — quelque rumeur menaçante. C’était autre chose qu’aux jours du siège de Paris. Le caractère mystérieux, inexplicable de l’événement réveillait au fond des âmes une sorte de mysticisme apeuré. Il subsiste en chacun de nous un sentiment de défiance contre le surnaturel.

Le Reporter parut le premier, vers six heures