Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/170

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et son audace sans seconde, se gardera de sourire quand Joseph Rouletabille, prudemment, entre Ballmeyer-Larsan et Mme Darzac, jettera un pont-levis.

M. Albert Bataille, du Figaro, qui a publié les admirables Causes criminelles et mondaines, a consacré de bien intéressantes pages à Ballmeyer.

Ballmeyer avait eu une enfance heureuse. Il n’est point arrivé à l’escroquerie, comme tant d’autres, après avoir parcouru les dures étapes de la misère. Fils d’un riche commissionnaire de la rue Molay, il aurait pu rêver d’autres destinées ; mais sa vocation, c’était la mainmise sur l’argent d’autrui. Tout jeune, il se destina à l’escroquerie comme d’autres se destinent à l’École des Mines. Son début fut un coup de génie. L’histoire est incroyable ― Ballmeyer subtilisant une lettre chargée adressée à la maison de son père, puis prenant le train pour Lyon, avec l’argent volé, et écrivant à l’auteur de ses jours :

« Monsieur, je suis un ancien militaire retraité et médaillé. Mon fils, commis des postes, a, pour payer une dette de jeu, soustrait, dans le bureau ambulant, une lettre à votre adresse. J’ai réuni la famille ; d’ici à quelques jours nous pourrons parfaire la somme