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BIBLIOGRAPHIE

lignes y suffisent. L’ « Homère bouffon » qui est un mot aussi juste que spirituel dut suffire à Victor Hugo, qui ne détestait pas lès lieux communs et les opibiohs toutes faites. Quoi qu’il en soit, je reproduis volontiers les petits vers que le grand poète adressait à Charles Nodier pendant les répétitions d’Hernani, après avoir reçu le roi de Bohême et ses sept châteaux :

Je l’ai lu, ton beau poème,
l’eâ sept châteaux de Bohème !
C’est itii legs rare et suprême
Que tu tiens, en fils pieux,
D’Yorick qui l’eut de son père
Rabelais, bâtard d’Homère,
Lequel était flls des Dieux.

Pourquoi bâtard : M. Jacques Boulenger devrait bien nous le dire.

Librairie Honoré CnAMPiOiN. — Un v.houan, le général du Boisgui/, par le vicomte du Breil de l^ontbriand, 1 vol. in-8°. Ce livre sort du cadre de cette t-evue. Je ne l’anaij’serai donc pas ici, mais je le signale avec un vrai plaisir à tous ceux qui ont lu les Chouans de Balzac. Il était bon qu’à côté de la légende, un écrivain sérieux et bien documenté nous donnât l’histoire vraie de ce « brigand » qui fut, lui aussi, un héros.

J. DE LA ROUXIÈRE.

Librairie Lecène-Oudin. — CathoUcismc et romantisme, par l’abbé L.-Cl. Delfour, 1904, in-12.

M. l’abbé Delfour est un esprit simplificateur, il distingue deux catégories : le Bien et le Mal, puis, à larges coups de balai, il sépare les théories, les faits et les hommes. C’est ainsi que le Romantisme est rejeté parmi l’Immoral. Cette action qui n’hésite pas est un curieux spectacle pour celui qui ne sut jamais voir que des mots dans les plus grands principes. Et petit-neveu intellectuel de Renan (qui n’est pas le petit-neveu intellectuel de Renan ?), je n’essaie même pas de défendre Renan maltraité par M. Delfour, de même que je ne tenterai point de le garder des éloges assénés i^ar quelques politiciens. « Une philosophie perverse, sans doute, m’a porté à croire que le bien et le mal, le beau et le laid, la raison et la folie, se transforment les unes dans les autres par des nuances aussi indiscernables que celles du cou de la colombe (1). » Et c’est surtout pour cette raison que je n’aime pas le livre de M. Delflour : que l’on attaque le romantisme ou toute autre doctrine, il faut se mettre sur un pied d’égalité, et juger ces choses avec des précautions, ou bien on risque fort de rester face à face, sans convaincre personne. Cependant, cet ouvrage sera utilement consulté par tous ceux qui voudront connaître roi)inion d’un chrétien intransigeant sur l’école romantique.

Louis Thomas.

(1) Prière sur l’Acropole.