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IX


Près d’un an s’était écoulé depuis que les Tatares avaient escoffié nos missionnaires ; l’hiver était revenu, et nous étions descendus vers le sud de la mer Caspienne pour y faire pâturer les chevaux, lorsqu’un jour, ou plutôt un soir, deux cavaliers arrivèrent tout à coup chez nous. Qui ils étaient, d’où ils venaient, à quelle espèce d’hommes ils appartenaient, — à supposer que ce fussent des hommes, — nul ne le savait. Leur langue même n’en était pas une, car ils ne parlaient ni le russe, ni le tatare, mais un mélange de l’un et de l’autre ; et, quand ils s’entretenaient ensemble, c’était dans un idiome absolument inconnu. Tous deux étaient jeunes encore ; l’un, noir, avec une grande barbe, ressemblait par la mise à un Tatare, sauf que son khalat était tout