Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/116

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où sa tête était en jeu Lord Russell ne voulut d’autre avocat que sa femme.

Sans ce type antique, grave et doux, jamais sec et anguleux ; tendrement pieux, jamais bigot et fatigant ; libéral et magnifique, jamais fiévreusement vain, la vraie polonaise moderne n’aurait pas été à même de se produire. Elle enta sur l’idéal solennel de l’ayeule, la grâce et la vivacité françaises, dont sa petite-fille connut toutes les allures alors que l’irrésistible attrait des mœurs de Versailles, après avoir inondé l’Allemagne, arriva jusqu’à la Vistule. Date fatale ! On peut l’affirmer : Voltaire et la Régence sous-minèrent la Pologne et furent les auteurs de sa ruine. En perdant ces mâles vertus, dont Montesquieu dit que seules elles soutiennent les Etats libres, et qui effectivement avaient soutenu la Pologne durant huit siècles !.. les polonais perdirent leur patrie. Les polonaises étant plus fermes en la foi, moins besogneuses d’argent dont elles ne connaissaient pas le prix n’ayant pas eu l’habitude de le manier, moins accessibles à l’immoralité par une horreur innée et instinctive de l’impudeur, elles résistèrent mieux à la contagion mortifère du dix-huitième siècle ! Leur religion, ses vertus, ses enthousiasmes et ses espérances, créèrent en elles le ferment sacré qui fera ressusciter cette patrie si chère !.. Les hommes le sentent ; ils le sentent si bien, qu’ils savent adorer ce qu’il y a d’adorable dans ces âmes dont chacune peut s’écrier : Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien, tant que le ciel, assailli de