Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/134

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ordinaire, se formulant en un désir d’éblouir un peu, pour gagner beaucoup d’argent dans un métier lucratif, au bout duquel on aperçoit une bonne retraite de rentier bourgeoisement casé.

Le monde des salons ne distingue pas ces personnalités si différentes qu’on pourrait les appeler les antipodes l’une de l’autre, parcequ’il n’a point encore pris à cœur de penser par lui-même, en dehors de la tutelle du feuilletoniste qui dirige les opinions artistiques, comme le directeur de conscience dirige les opinions religieuses. Il ne sait donc pas distinguer les grands mouvemens, les aspirations tumultueuses des sentimens jettant Ossia sur Pélion pour escalader les astres, d’avec les mouvemens emphatiques de sentimens d’un amour-propre mesquin, d’une égoïste suffisance, joints à une vile courtisanerie des passions du jour, des vices élégans, de l’immoralité à la mode, de la démoralisation régnante ! Il ne distingue pas davantage la simplesse des grandes pensées, se traduisant sans aucun « effet » cherché, d’avec les conventionalités surannées d’un style qui a fait son temps et dont les vieilles douairières deviennent les gardiennes attitrées, faute de savoir suivre d’un œil intelligent les incessantes transformations de l’art. Pour s’épargner le soin d’apprécier en connaissance de cause, l’intégrité des sentimens du poèteartiste dont l’étoile semble monter sur le firmament de l’art ; pour s’éviter la peine de prendre l’art au sérieux,