Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/139

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un poète de grande lignée, veulent dire, ni s’ils le disent de la bonne manière. Par là, si haut qu’il soit, la grande poésie, le grand art surtout, demeurent au dessus de lui ! L’Art, le grand art, a froid dans les appartemens tendus de damas rouge ; il s’évanonit dans les salons jaune paille ou bleu nacré. Tout véritable artiste Ta senti, quoique tous n’ont pas su s’en rendre compte. Un virtuose de quelque renommée, plus familiarisé que d’autres avec les variations du thermomètre intellectuel selon les divers milieux sociaux, connaissant bien ces températures toujours fraiches, parfois glaciales et glaçantes, répéta souvent : « A la cour, il faut être court ! » Et il ajoutait entre amis : « Il ne s’agit donc pas de nous « entendre, mais de nous avoir entendu !… Ce que « nous disons importe peu, pourvu que le rhythme « arrive jusqu’au bout des pieds et fasse penser à une « valse passée ou future ! »

D’ailleurs, le glacé conventionnel du grand-monde qui recouvre la grâce de ses approbations, comme les fruits de ses desserts ; l’affectation, l’afféterie, les minauderies des femmes ; l’empressement hypocrite etenvieux des jeunes-gens, qui voudraient de fait étrangler celui dont la présence détourne d’eux le regard de quelque belle, l’attention de quelque oracle de salon, sont des élémens trop peu intelligens, trop peu sincères, trop factices en définitive, pour que le poète s’en contente. Lorsque des hommes qui se rengorgent, se croient « sérieux » et dansent, eux aussi, sur la corde roide