Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/149

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pétris, chantes, joués, que les artistes ont honte de fabriquer, devraient être reléguées plus bas, défrayer les plaisirs de plus modestes demeures que celles dont les portes sont surmontées d’un blason séculaire. — Il faudrait qu’une tradition intelligente commande au patriciat, de ne se complaire que dans la haute poésie et dans le grand art ; de ne protéger que les poètes qui chantent les plus nobles sentimens, les artistes qui expriment les plus audacieux héroïsmes, les plus parfaites délicatesses, les plus idéales tendresses, l’amour le plus pur, le pardon le plus généreux, le dévouement le plus désintéressé, l’immolation volontaire, tout ce qui transporte l’âme humaine dans ces régions d’une haute spiritualité, dont l’atmosphère l’élève et la fait vivre au dessus des préoccupations égoïstes et épicuriennes, que la poursuite des intérêts matériels ou spéciaux réveillent et nourrissent dans les autres classes de la société. Même dans celles de la science, où les passions ne répudient pas toujours assez les injustices de l’irritabilité et les convoitises d’une vanité effrenée, pour atteindre aux sphères supérieures et sereines de la haute poésie et du grand art !

Il faudrait encore que le patriciat s’affranchisse du joug qu’il a eu le tort d’accepter ; le joug d’une mode venue d’en bas, dont il feint d’ignorer les ignobles origines, dont il subit sans sourciller, que dis-je ? avec empressement, le despotisme factice et malsain, dans ses « costumes » d’une coupe extravagante, dans ses