Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/159

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« draper son voile d’argent sur sa verte chevelure avec « la même agaçante coquetterie ? » Au courant des jaseries et de la chronique galante de ces lieux, il s’informait : « si le Dieu marin à la longue barbe blanche, poursuivait toujours une certaine naïade espiègle et mutine de son lisible amour ? » Bien instruit de toutes les glorieuses féeries qu’on voit là-bas. là-bas, il demandait : « si les roses y brillaient d’une flamme tbu« jours aussi fière ? si au clair de la lune les arbres y « chantaient toujours aussi harmonieusement ? »

Chopin répondait. Tous deux après s’être longtemps et familièrement entretenus des charmes de cette patrie aérienne se taisaient tristement, pris de ce mal du pays dont Heine était si atteint alors qu’il se comparait à ce capitaine hollandais du Vaisseau fantôme, éternellement roulé avec son équipage sur les froides vagues, « soupirant en vain après les épices, les tulipes, les jacinthes, les pipes en écume de mer, les tasses en porcelaine de Chine !.. Amsterdam.’ Amsterdam ! quand reverrom-nom Amsterdam ! » s’écriait-il, pendant que la tempête mugissait dans les cordages et le ballottait de çi et de là sur son aqueux enfer. — « Je comprends, ajoute Heine, la rage avec laquelle un jour l’infortuné capitaine s’exclamait : Oh ! si je reviens à Amsterdam, je préférerai devenir borne au coin d’une de ses rues que de jamais les quitter ! Pauvre Van der Deken !… Pour lui, Amsterdam, c’était l’Idéal ! »…