Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/168

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des enchantement assez puissans et assez de céleste radiance durant sa vie, pour n’avoir pas à craindre, après qu’il eût défailli et expiré, d’être désavoué par ceux dont il avait fait la joie et le tourment ? Quel sépulcral dénombrement ne faudrait-il pas commencer pour les évoquer un à un, en leur demandant compte de ce qu’ils ont produit de bon et de mauvais, dans ce monde des cœurs où il leur fut donné si libéralement accès et dans le monde où régnaient ces cœurs, qu’ils ont embelli, bouleversé, illuminé, dévasté, au gré de leurs hasards ?…

Mais, si parmi les hommes qui ont formé ces groupes, dont chaque membre a attiré sur lui l’attention de bien des âmes et porté dans sa conscience l’aiguillon de bien des responsabilités, il en est un qui n’a point permis à ce qu’il y avait de plus pur dans le charme naturel qui les rassemblait en un faisceau rayonnant de s’exhaler dans l’oubli ; qui, élaguant de son souvenir les fermentations dont ne sont point exempts les plus suaves parfums, n’a légué à l’art que le patrimoine intact de ses élévations les plus recueillies et de ses plus divins ravissemens, reconnaissons en lui un de ces prédestinés dont la poésie populaire constatait l’existence par sa foi dans les bons génies. En attribuant à ces êtres, qu’elle supposait bienfaisans aux hommes, une nature supérieure à celle du vulgaire, n’a-t-elle pas été magnifiquement confirmée par un grand poète italien qui définissait le génie une empreinte plus forte de la