Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/172

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Si ceux qui ont tant vanté l’honneur, n’ont jamais été timides ?… Si ceux qui ont fait admirer la fortitude, n’ont jamais transigé avec leurs faiblesses ?…

Beaucoup ont intérêt à connaître les transactions acceptées entre l’honneur, la loyauté, la délicatesse, et les avantages ambitieux, les* profits vaniteux, les gains matériels, acquis à leurs dépens, par ceux auxquels fut départie la belle tache d’entretenir notre foi et notre attachement aux nobles et grands sentimens, en les faisant vivre dans l’art alors qu’ils n’ont plus d’autre refuge ailleurs. Car, pour beaucoup, ces tristes transactions subies par des esprits qui savent si bien faire resplendir le sublime et si bien stigmatiser l’infamie, servent à prouver avec évidence qu’il y a impossibilité ou niaiserie à les refuser. Ils s’en prévalent pour affirmer hautement que ces transactions entre le noble et l’ignoble, entre le grand et le mesquin, entre le laid et le beau éthique, sont inhérens à la fragilité de notre être et à la force des choses, puisqu’elles jaillissent de la nature des êtres et des choses à la fois.

Aussi, lorsque des exemples de malheur viennent apporter un déplorable appui aux assertions ricaneuses des « réalistes » en morale, avec quelle hâte n’appellentils pas les plus belles conceptions du poête, de vains simulacres !… De quelle sagesse ne se targuent-ils pas, en prêchant les doctrines savamment préméditées d’une mielleuse et farouche hypocrisie… d’un perpétuel et secret désaccord entre les discours et les