Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/175

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à ces êtres célestes qui sont les messagers de la bonne providence. Quand le génie est départi à l’artiste et au poète, sa mission n’est pas d’enseigner le Vrai, de commander le Bien, qu’une divine Révélation a seule autorité d’imposer, qu’une noble Philosophie rapproche de la raison et de la conscience humaines. Le génie de la Poésie et de l’Art a pour mission de faire resplendir le Beau du Vrai, devant l’imagination charmée et surélevée ; de stimuler au bien par le Beau, des cœurs émus, entrainés vers ces hautes régions de la vie morale, où la générosité se change en délices, où le sacrifice se transforme en volupté, où l’héroisme devient un besoin, où, la corn-passion remplaçant la passion, l’amour dédaigne de rien demander, sachant que dès lors il trouvera toujours en lui-même de quoi donner ! L’Art et la Poésie sont donc les auxiliaires de la Révélation et de la Philosophie ; auxiliaires aussi indispensables, que l’indescriptible éclat des couleurs et la vague harmonie des tons le sont à la parfaite intégrité de la Nature !

Aussi, l’interprète du Beau dans la poésie et dans l’art doit-il, — le mot devoir n’est-il pas synonyme de dette ? — tout comme l’interprète du Vrai et du Bien divin, tout comme l’interprète de la raison et de la conscience humaines, après avoir agi par les œuvres de son intelligence, de son imagination, de son inspiration, de ses méditations, agit* encore par les actes de sa vie ; accorder à un même diapazon son chant et son