Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/177

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de proclamer des lois dans des sphères où elles ne peuvent pénétrer ! Elles passent outre devant les silencieuses gravités de ceux qui pratiquent le bien, sans exaltation pour le beau.

La jeunesse ardente a-t-elle le loisir d’interpréter les silences, de résoudre leurs problèmes ? Les battemens de son cœur sont trop précipités pour lui laisser la claire-vue des souffrances cachées, des combats mystérieux, des luttes solitaires, dont se compose quelquefois le tranquille coup-d’œil de l’homme de bien. Les âmes agitées ne conçoivent que mal les calmes simplicités du juste, les héroïques sourires du stoïcisme. Il leur faut de l’exaltation, des émotions. L’image les persuade, les larmes leur sont des preuves, la métaphore leur inspire des convictions ! A la fatigue des argumens, elles préfèrent la conclusion des entraînemens. Mais, comme chez elles le sens du bien et du mal ne s’émousse que lentement, elles ne passent point brusquement de l’un à l’autre ; elles commencent par diriger leurs regards avec une avide curiosité vers ces nobles poetes qui les ont entraînés par leurs métaphores, vers ces grands artistes qui les ont émus par leurs images, charmés par leurs élans. C’est à eux qu’elles demandent le dernier mot de ces élans et de ces enthousiasmes !

Aux heures déchirées où, au milieu de la tourmente du sort, le sens secret du bien et du mal, la conscience engourdie, non endormie, deviennent comme