Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/179

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sur les pages brillantes où flottent les plus purs désirs du cœur, les plus nobles rêves de l’imagination. Puis, il demande avec l’ironie de la victoire : A quoi bon prendre au sérieux ces excursions dans un domaine où ne se recueille aucun fruit ? Quelle valeur attribuer à ces émotions et à ces enthousiasmes qui n’aboutissent qu’au calcul de l’intérêt, ne recouvrant que les intérêts de Pégoïsme ? Qu’est-ce donc que ce pur froment qui ne fait germer que la famine ? Qu’est-ce donc que ces belles paroles qui n’engendrent que des sentimens stériles ? Pur passetemps de palais, auquel s’associent le foyer du tiers-état, la veillée de la chaumière, mais où les âmes naïves prennent seules au sérieux la fiction, en croyant bonassement que la Poésie peut devenir une Réalité !…

Avec quelle arrogante dérision le Dénigrement ne sait-il pas alors rapprocher, mettre en regard, le noble élan et l’indigne condescendance du poëte, le beau chant et la coupable légèreté de l’artiste ! Quelle supériorité ne s’adjuge-t-il pas sur les laborieux mérites des honnétes gens, qu’il considère comme des crustacés, destinés à ne connaître que les immobilités d’une organisation pauvre ; ainsi que sur les pompeux enorgueiHissemens de ces fiers stoïciens, qui ne parviennent pas à répudier, même aussi bien qu’eux, la poursuite haletante de la fortune, avec ses vaines satisfactions et ses jouissances immédiates !… Quel avantage le Dénigrement ne s’attribue-t-il pas, dans la concordance logique de ses poursuites