Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/261

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ombragé par le rapprochement de si sombres sourcils, la chevelure frémissante d’une vie électrique, nous rappellent les marbres grecs sur lesquels on admire les traits magnifiques, le front fatal et beau, le sourire sardonique et amer de cette Gorgone dont la vue stupéfiait et arrêtait le battement des cœurs, — Mme Sand cherchait en vain une autre forme au sentiment qui labourait son âme insatisfaite. Après avoir drapé avec un art infini cette altière figure qui accumulait les grandeurs viriles, pour remplacer la seule qu’elle répudiât, la grandeur suprême de l’anéantissement dans l’amour, cette grandeur que le poëte au vaste cerveau fit monter au plus haut de l’empyrée et qu’il appela « l’éternel féminin » {dus ewig Weibliche) ; cette grandeur qui est l’amour préexistant à toutes ses joies, survient à toutes ses douleurs ; — après avoir fait maudire Don Juan et chanter un hymne sublime au Désir, par celle qui, comme Don Juan, repoussait la seule volupté capable de combler le désir, celle de l’abnégation ; — après avoir vengé EU ire en créant Sténio ; — après avoir plus méprisé les hommes que Don Juan n’avait rabaissé les femmes, M"16 Sand dépeignait dans les Lettres d’un voyageur cette tressaillante atonie, ces alourdissemens endoloris qui saisissent l’artiste, lorsquaprès avoir incarné dans une œuvre le sentiment qui l’inquiétait, son imagination continue à être sous son empire sans qu’il découvre une autre forme pour l’idéaliser. Souffrance du poëte bien comprise