Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/298

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ranimée jadis ! Il s’adonnait avec une sorte de brûlante douceur à la rossouvenance cnamérée des jours anciens, défeuillés désormais de leurs prismatiques signifiances. Se sentir frénollir en contemplant la défiguration dernière de ses derniers espoirs, lui était un dernier charme. En vain cherchait-on à en éloigner sa pensée ; il en reparlait toujours ; et lorsqu’il n’en parlait plus, n’y songeait-il pas encore ? On eût dit qu’il humait avidement ce poison, pour avoir moins longtemps à le respirer.

Faut-il plaindre, faut-il admirer ? Il faut plaindre et admirer à la fois. Il faut plaindre d’abord, car les Syrènes de l’antiquité, comme les Mélusines du moyenâge, ont toujours attiré les malheureux qui rasaient leur rescif, les nobles chevaliers qui s’égaraient aux alentours de leurs écueils, par des accens pleins de suavité, par des formes qui charmaient l’œil éperdu, par des blancheurs qu’on eût dit empruntées aux lys des jardins, par des chevelures qu’on eût cru nouées avec les rayons d’un soleil d’hiver, tiède et caressant… Ceux qui n’ont jamais connu la syrène attrayante et la fée malfaisante, ne savent pas combien il faut plaindre le mortel qu’elles ont enlacé de leurs bras perfides, au moment où, couché sur un cœur inhumain, bercé sur des genoux déformés, il aperçoit tout d’un coup, avec un effroi terrifié, l’humaine nature et sa spiritualité transformée en une animalité hideuse !