Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/305

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pour lui de celui qu’il avait trouvé sans le chercher on I831 !.. Cette fois, il y fut surpris dès son arrivée par un chagrin aussi vif qu’inattendu. Celui, dont les conseils et l’intelligente direction lui avaient déjà sauvé la vie dans l’hiver de 1847, auquel il croyait seul devoir depuis bien des années la prolongation de son existence, le docteur Molin se mourait. Cette perte lui fut plus que sensible ; elle lui apporta ce découragement final si dangereux, dans des momens où la disposition d’esprit exerce tant d’empire sur les progrès de la maladie. Chopin proclama aussitôt que personne ne saurait remplacer les soins de Molin, prétendant no plus avoir confiance en aucun médecin. Il en changea constamment depuis lors, mal satisfait de tous, ne comptant sur la science d’aucun. Une sorte d’accablement irrémédiable s’empara de lui ; on eût dit qu’il savait avoir obtenu son but, avoir épuisé les dernières ressources de la vie, nul lien plus fort que la vie, nul amour aussi fort que la mort, ne venant lutter contre cette amère apathie.

Depuis l’hiver 1848, Chopin n’avait plus été à même de travailler avec suite. Il retouchait de temps à autre quelques feuilles ébauchées, sans réussir à en coordonner les pensées. Un respectueux soin de sa gloire lui dicta le désir de les voir brûlées pour empêcher qu’elles fussent tronquées, mutilées, transformées en œuvres posthumes peu dignes de lui. Il ne laissa de manuscrits achevés qu’un dernier Nocturne