Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/317

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vers onze heures du soir qu’une dernière fois, il se sentit quelque peu soulagé. L’abbé Jelowicki ne l’avait plus quitté. A peine Chopin eut-il recouvré la parole, qu’il désira réciter avec lui les litanies et les prières des agonisans ; il le fit en latin, d’une voix parfaitement intelligible. A partir de ce moment, il tint sa tête constamment appuyée sur l’épaule de M. Gutmann, qui durant tout le cours de cette maladie lui avait consacré et ses jours et ses veilles.

Une convulsive somnolence dura jusqu’au 17 octobre 1849. Vers deux heures, l’agonie commença, la sueur froide coulait abondamment de son front ; après un court assoupissement, il demanda d’une voix à peine audible : « Qui est près de moi ? » Il pencha sa tète pour baiser la main de M. Gutmann qui le soutenait, rendant l’ame dans ce dernier témoignage d’amitié et de reconnaissance. Il expira comme il avait vécu, en aimant ! — Lorsque les portes du salon s’ouvrirent, on se précipita autour de son corps inanimé et longtemps ne purent cesser les larmes qu’on versa autour de lui.

Son goût pour les Heurs étant bien connu, le lendemain il en fut apporté une telle quantité, que le lit sur lequel il était déposé, la chambre entière, disparurent sous leurs couleurs variées ; il sembla reposer dans un jardin. Sa figure reprit une jeunesse, une pureté, un calme inaccoutumé ; sa juvénile beauté, si longtemps éclipsée par la souffrance, reparut. On reproduisit ces traits charmans auxquels la mort avait