Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/61

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se changent en souvenirs et ne reviennent qu’en échos. La fantaisie n’évoque plus des ombres glissant avec précaution comme pour ne pas réveiller les morts de la veille… et déjà dans les Polonaises de Lipimki on sent que le cœur bat joyeusement… étoui(liment… comme il avait battu avant la défaite ! La mélodie se dessine de plus en plus, répandant un parfum de jeunesse et d’amour printanier ; elle s’épanouit en un chant expressif, parfois rêveur. Elle n’est point destinée à mesurer les pas de hauts et graves personnages, qui ne prennent plus que peu de part aux danses pour lesquelles on l’écrit ; elle ne parle qu’aux jeunes cœurs, pour leur souffler de poétiques fictions. Elle s’adresse à des imaginations romanesques, vives, plus occupées de plaisirs que de splendeurs. Mayseder avança sur cette pente où ne le retenait aucune attache nationale ; il finit par atteindre à la coquetterie la plus sémillante, au plus charmant entrain de concert. Ses imitateurs nous ont submergés de morceaux de musique intitulés Polonaises, qui n’avaient plus aucun caractère justifiant ce nom.

Un homme de génie lui rendit subitement son vi-" goureux éclat. Weber fit de la Polonaise un dithyrambe, où se retrouvèrent soudain toutes les magnificences évanouies avec leur éblouissant déploiement. Pour réverbérer le passé dans une formule dont le sens était si altéré, il réunit les ressources diverses de son art. Ne cherchant point à rappeler ce que devait être l’antique