Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’uniforme chamarré d’or, semé de croix et de crachats, emmédaillé et enrubanné, il y a, par dessus le boulet de plomb, on ne sait quelle étincelle d’élément slave qui vit, s’agite, qui parfois flambe. Il est accessible à la pitié, il est séduit par les larmes, il est touché par les sourires. Gare pourtant à qui voudrait s’y fier, car à côté de lui il y a tout un brasier d’élément mongol et kalmouk qui renifle la rapine. Cette étincelle réunie à ce brasier font, que le vainqueur ne se contente pas de larmes et de sourires sans argent, ni ne veut non plus de l’argent qu’avec l’assaisonnement des larmes et des sourires ! Qui dira tous les drames qui dans ces données se sont joués entre des êtres, dont l’un tend des filets d’or et de soie, recule d’effroi comme mordu par un scorpion à la pensée de s’être pris dans ses propres rets ; dont l’autre, friand et glouton à la fois, s’abreuve d’un limpide regard, s’enivre d’un doux parler, tout en palpant les billets de banque qu’il tient déjà sur son cœur.

Le russe et la polonaise sont les seuls points de contact entre deux peuples plus antipathiques entre eux que le feu et l’eau, l’un étant fou de la liberté qu’il aime plus que la vie, l’autre étant voué au servage officiel jusqu’à lui donner sa vie. Mais, ce seul point de contact est incandescent, parceque la femme espère toujours inoculer à l’homme le ferment de la bonté, de la pitié, de l’honneur ; l’homme espère toujours dénationaliser la femme jusqu’à lui faire oublier la pitié, la bonté,