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I.


Il y a quatre ans que Richard Wagner, maître de chapelle du Roi de Saxe, a fait représenter pour la première fois, à Dresde, son opéra Tannhäuser et le Combat des Poëtes-Chanteurs à la Wartburg. Le génie de ce compositeur, maître de diverses formes, lui permet d’écrire lui-même le livret de ses opéras et d’être à la fois le poëte de sa musique et le musicien de sa poésie, avantage précieux pour l’harmonieuse unité de ses conceptions dramatiques. De même qu’à un instant où, ne se contentant plus du sentiment répandu dans leurs tableaux par les maîtres de la première école, on demanda à la peinture la réalité du dessin, de la couleur, et de la perspective, aujourd’hui on exige de l’opéra un ensemble de qualités de plus en plus complet, et la charpente de son livret attire davantage l’attention. Celui du Tannhäuser est écrit avec un grand sentiment poétique, et forme déjà à lui tout seul un drame émou-