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Biterolf l’interrompt vivement, et, avec une rudesse guerrière, dédaignause, et jalouse peut-être, le provoque à un autre combat. « Il a toujours », dit-il, « rompu des lances pour l’honneur des femmes, mais si cet honneur n’est même pas compris du barde étranger, l’apologie des plaisirs vulgaires, lui semble comme indigne du combat qu’il propose ! » On applaudit à cette brusquerie guerrière, comme on avait applaudi tous les adversaires de Tannhäuser, lequel lui répond avec mépris qu’en effet tout ce que la nature de loup féroce de Biterolf pourrait jamais ressentir de tendresse, de rêverie et de bonheur, ne valait guère la peine d’être disputé en champ clos ! »

Le tumulte survient. Le cliquetis du fer succède aux accords de la lyre. Wolfram s’efforce de rétablir la paix, de bannir toute scène troublante de cette salle, de cette présence sacrée ; il invoque les plus hautes inspirations de l’Amour pour honorer dignement « cette divine émanation du Ciel, qui seule nous y fait remonter. »

Tannhäuser, exaspéré par le sarcasme, la colère, la malveillance dont il se voit l’objet, l’écoute à peine, et entonne avec exaltation un chant à la louange de la Déesse païenne. « Que je vous plains ! », s’écrie-t-il à la fin « vous qui parlez d’amour, et ne savez rien